dimanche 5 février 2012

Trente-deuxième dimanche 2011

Première lecture (Sg 6, 12-16)

La Sagesse est resplendissante, elle est inaltérable. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l'aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première. Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Ne plus penser qu'à elle prouve un parfait jugement, et celui qui veille en son honneur sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d'elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; chaque fois qu'ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.

Psaume responsorial (Ps 62 (63), 2-8)

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube



Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau.
Je t'ai contemplé au sanctuaire, j'ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres !
Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l'ombre de tes ailes.



Deuxième lecture (1 Th 4, 13-17)

Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Au signal donné par la voix de l'archange, à l'appel de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et les morts unis au Christ ressusciteront d'abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu'eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.

Evangile (Mt 25, 1-13)

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes : les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. « Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe. Les insensées demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.” Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte. « Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.” « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Commentaire et méditation : rajeunir une foi usée par les âges

            Les lectures de ce trente deuxième dimanche nous enseignent que ce qui nourrit notre espérance devrait normalement construire notre responsabilité. Pour ce faire, nous devons être les acteurs responsables qui contribuent à un rajeunissement de notre foi qui, à la longue âges, semble être usée. Nous n’avons donc pas de temps à perdre. Il faut tout prévoir. Nous ne devons pas dormir ou être distraits. Tout en mettant en valeur chaque talent reçu, nous devons être vigilants et prévoyants. Car tout ce qui serait terne en nous, serait laissé sur place. Tel serait d’une façon tout à fait caricaturale le châtiment réservé à ceux qui oublient l’imminence de la fin des temps. De fait, nous vivons comme en exil, nous avons un travail de préparation à effectuer pour attendre l’arriver de « l’époux ». Convaincue que Jésus revienne bientôt, la première génération chrétienne était aux aguets. Néanmoins, il n’en fut pas ainsi et, durant longtemps, les disciples de Jésus ont du attendre son retour sans qu’ils puissent le voir. Après eux, l’Eglise dut alors se préparer progressivement à une longue attente. Il n’est pas difficile d’imaginer les questions qui auraient sans nul doute surgi chez les chrétiens de différentes époques durant cette longue attente. Comment maintenir vivant l’esprit du commencement ? Comment rester éveillés en attendant l’arrivée du Seigneur ? Comment nourrir la foi sans la laisser s’éteindre ?
Les lectures de ce jour nous illuminent pour que nous pensions la réponse correcte. D’emblée, rappelons-nous qu’il ne nous appartient pas de savoir « le quand » exacte qui correspondrait à l’arrivée de l’époux. Même si la nuit est réservée au sommeil, le cas des dix vierges qui devaient veiller jusqu’à l’arrivée de l’époux mais qui ont cédé au sommeil nous sert comme référence catéchétique. Nous ne savons pas l’heure à laquelle le Fils de l’Homme arriverait. Ce dont il est question est donc être prêt pour ce rendez-vous très important. Même si notre nuit semble ne jamais devoir finir, nous savons déjà que le salut est proche. Il adviendra certes au cœur de la nuit. Cet appel nourrit notre espérance car c’est l’époux qui arrive. Néanmoins, la surprise joue toujours en faveur de celui qui surprend. La vigilance chrétienne a donc des ails. Il faut nous préparer à cette venue avant qu’elle n’advienne. N’est-ce pas vrai que c’est seulement avec une patience brulante que nous pourrons conquérir la splendide ville qui héberge une lumière, une justice et une dignité pour tous les hommes ?
Effectivement, d’après la première lecture (Sg 6, 12-16) et le psaume responsorial (Ps 62 (63), 2-8), notre attente consiste à guetter le « visage souriant » de la sagesse personnifiée. Cette dernière est « resplendissante ». Aussi est-elle « inaltérable ». C’est-à-dire qu’elle excite notre soit et nous attire. C’est pourquoi avec des paroles poétiques, le psalmiste proclame « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau ». Il y a de l’espérance ; car comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture (1 Th 4, 13-17) le sort qui nous est réservé au jour du Seigneur n’est pas à craindre. Nous ne devons pas être « abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance ». Le Seigneur Jésus en personne vient au milieu de la nuit pour prendre un bien qui lui appartient : son épouse. Là est notre espérance, notre joie et notre brulante patience. En attendant, nous devons faire un choix. Mais en sélectionnant, nous pouvons nous éloigner de l’essentiel et l’unique nécessaire. Dans ces trois premières lectures, nous remarquons que c’est en vivant sans Dieu que nous nous enfonçons dans les terribles ténèbres. Par conséquent, nous devenons prisonniers d’une nuit qui semble sans fin. Créés libres pour aimer, nous nous transformons en esclave de la mort. Cependant, le Seigneur ne peut pas supporter de voir l’homme ainsi mourir prisonnier de ses mauvais choix. Il a prévue de venir lui-même pour percer le mur de nos prisons et de nous soustraire de l’esclavage de la mort. Bref, la raison majeur pour laquelle nous acceptons de rajeunir notre foi usée par les âges se base dans le fait que « nous serons pour toujours avec le Seigneur ».
Parlant de ce jour là, Jésus nous propose dans l’évangile la parabole de Dix jeunes filles (Mt 25, 1-13). Ces dernières sont des amies de la fiancée et elles sont « invitées à des noces ». Elles répondent généreusement à l’invitation et « prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux ». Jusqu’ici, le déroulement est positif. Il n’y a pas eu de résistance. Toutes ces filles allument leurs lampes et se disposent à recevoir l’époux. La situation que la parabole suppose n’est pas bien déterminée. Mais on peut pense que l’époux, en compagnie de ses camarades se trouve en chemin. Ils se rendent chez son beau-père afin de prendre sa fiancée qui habite encore chez son père. Etant donné que la fiancée ne pouvait pas sortir pour accueillir son époux, elle a choisi parmi ses meilleures amies une délégation chargée de recevoir son futur mari et ses compagnons dès qu’ils arrivent. Dans la parabole, on ne dit rien de la fiancée. Le fait que les filles soient vierges n’a aucune signification particulière. Non plus, le fait que la moitié soit sage et l’autre moitié insensée ne doit pas nous distraire. Il va de même que les filles s’endorment en attendant l’arrivée de l’époux. Par contre, une des pointes de la parabole se trouve dans le retard de l’époux. Toutes les filles en effet, avaient cru que lorsque l’époux arriverait, probablement, au coucher du soleil, elles brûleraient la chandelle par les bouts. D’abord, elles espéraient l’accompagner dans un cortège lumineux là où se trouve son épouse puis, iraient ensemble avec les deux jeunes mariés jusqu’à leur maison ; là où aura lieu le banquet nuptial.
C’est ici le détail que le narrateur a mis en relief dès le début de la parabole devient intéressant. Parmi ces jeunes-filles, il y en a cinq « sages » et prévoyantes qui prennent de l’huile pour remplir leurs lampes au fur et à mesure que la flamme se consume. Les cinq autres sont « insensées » ; elles oublient de prendre de l’huile au risque de voir leurs lampes s’éteindre. Possiblement qu’elles se moquaient intérieurement de leurs camarades qui s’étaient encombrées en prenant « avec leur lampe, de l’huile en réserve ». Mais les choses changent quand les deux groupes sortent de leur sommeil. Le texte nous dit « qu’au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe ». Les non-prévoyantes découvriront aussitôt leur erreur. D’une part, lorsqu’on entend l’appel pour sortir à la rencontre des hôtes tant espérés, les prévoyantes remplissent d’huile leurs lampes. Elles  accompagnent comme prévu. Ainsi accomplissent-elles le désir de leur amie qui avait mis sa confiance en elles. Elles sont prêtes pour entrer avec les mariés dans la fête. D’autre part, les insensées, quant elles, ne font que se plaindre : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent ». Les prévoyantes ne se laissent pas attrapées par une générosité aveugle : « Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ». Elles semblent avoir fait des calcules minutieux au préalable. Ce refus ne doit pas se confondre avec de l’égoïsme. Il s’agit de la justice et de la clairvoyance. Aussi, le conseil presque spontané « allez plutôt vous en procurer chez les marchands », n’est pas une ironie. Pourtant, les deux détails constituent une deuxième pointe de la parabole. Car c’est en partant pour se procurer de l’huile qu’elles arrivent à la noce lorsque la porte est déjà fermée : C’est trop tard pour elles ! Elles sont exclues de la fête parce qu’elles n’ont pas pris les précautions d’y participer. Elles, qui étaient considérées comme les proches de la fiancé sont déclarées inconnues de son époux : « Je ne vous connais pas ». Autrement dit, « je ne veux rien savoir sur vous ».
Cette déclaration met un point final et décisif aux spéculations qui peuvent provenir du contexte profane décrit par les versets antérieurs. Elle ouvre la piste à la réalité religieuse de la parabole. L’époux c’est le Fils de l’homme glorieux qui, au jugement final, refusera à certaines personnes l’identité d’appartenance aux siens (Lc 12, 9 ; 13,27 ; Mc 8,38, Mt 10, 33). Cependant, beaucoup de commentateurs essaient jusqu’à nos jours de trouver une signification secrète au symbole de « l’huile ». Jésus, était-il en train de parler de la ferveur spirituelle, de l’amour ou de la grâce baptismale ? Pour le message de ce dimanche, il n’est pas peut-être superflu que l’on rappelle son grand désir à savoir l’élan missionnaire qui était au cœur de son agir et prédication : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comment je voudrais qu’il soit allumé » (Lc 12,49). Y a-t-il quelque chose qui puisse raviver notre foi plus que notre contact vivant avec Jésus qui est le foyer de l’ardente charité ? En fin de compte, n’est-il pas insensé de prétendre conserver une foi usée sans la raviver au feu de son Esprit ? N’est-ce pas une contradiction de nous croire chrétiens alors que nous ignorons le projet du Nazaréen et nous ne nous sentons pas attirés par son style de vie ?
Dans le monde en général et dans l’Eglise en particulier, nous avons un besoin urgent d’une relation intime avec Jésus qui est lui-même le feu de Dieu. Il nous faut cultiver patiemment tout ce qui nous aide à centrer notre vie sur sa personne. Laissons de dépenser des énergies dans ce qui nous distrait et nous détourne de sa Bonne Nouvelle. Chaque dimanche, allumons notre foi en ruminant ses paroles et en communiant d’une manière vitale son corps et son sang. Personne ne peut transformer nos communautés mieux que la personne de Jésus. C’est lui qui nourrit notre espérance et c’est lui qui doit alimenter notre responsabilité.

Prière scripturaire :

Seigneur Jésus, tu es l’époux que nous attendons de tout cœur. Ta fiancé est prête, elle nous a choisi comme ses confidents pour que nous attendions ton arrivée. Dans nos calcules tu retarde à venir. Pourtant, c’est une façon gentille de nous accorde le temps de nous reposer. Par ailleurs tu veux que durant ce repos nous soyons clairvoyants et prévoyants. Viens nous arracher au pouvoir de la nuit que nous avons choisie. Renouvelle-nous dans le feu de ton Esprit. Montre-nous ton visage souriant et resplendissant pour que nous sachions rester au travail de notre sanctification de jour comme de nuit. Nourrie notre espérance pour que nous sachions vivre de ton « huile » à temps et à contretemps. Ainsi pourrions-nous t’accompagner dans un cortège lumineux toi et ta fiancé, la sainte Eglise, jusqu’au banquet nuptial. Amen !

Père Jean Bosco Nsengimana Mihigo
Dieu est Amour, A MOI IL A DONNE TOUTE SA MISERICORDE

Aucun commentaire: