lundi 27 août 2012

C'est le témoignage de notre soeur Esther qui était très engagée pour
le Seigneur dans le groupe musical ;ses parents sont responsables à
l’église ;c’est vraiment une fille qui marche dans la crainte de Dieu
et elle n’a jamais connu d’homme.
Un soir il y avait une mini veillée du groupe musical à L’église, la
veillée a pris fin vers 02 heures du matin, donc la sœur et les
membres du groupe musical rentraient chacun chez soi, arrivée à
quelque mètres de chez elle, les bandits l’ont arrêtée et l’un d’eux
la violée et lui a même arraché sa Bible, la sœur était désemparée,
découragée, elle en voulait tellement à Dieu elle se demandait
pourquoi Dieu avait permis ce viol pourtant elle revenait de l’église,
elle était partie pour servir Dieu pourquoi ? Pourquoi?
Qu'ais je fais pour mériter tout ça ? Seigneur je me suis toujours dit
que mon 1er homme me connaitra dans le mariage…., elle était très
déçue de la vie.
Arrivée à la maison elle n’a rien expliqué à ses parents elle a
préféré garder le secret, elle avait honte d’elle, elle souffrait dans
son cœur.
Quelques mois plutard elle a commencé a avoir des nausées, elle a
commencé à vomir, elle s’est donc rendue à l’hôpital pour se faire
examiner, après les différents examens le médecin lui a dit qu’elle
était enceinte, que faire ? je ne peux pas avorter, elle était très
abattue elle pleurait amèrement, elle a donc décidé de se confier à
une maman de l’église.
Elle est partie chez la maman pour lui expliquer son calvaire, cette
dernière s’est fâchée et elle ne la croyais pas, elle disait à la sœur
tu as chuté avec un frère de l’église tu refuses d’avouer, si tu étais
vraiment victime du viol tu allais nous dire dès le début pourquoi
as-tu gardé ce secret pendant tout ce temps ?non je ne te crois pas
j’irais tout raconter au pasteur et à tes parents comme ça tu seras
mise sous discipline.
La maman est allée tout raconter aux parents et au pasteur eux aussi
ont condamné la sœur, tous lui disaient tu as chuté avec un frère
montre le nous ,tu nous fais honte, tu nous a déshonorés, la sœur
pleurait et disait oh mon Dieu pourquoi ?je suis devenue la risée de
tous.
Elle a été mise sous discipline, elle ne chantait plus à l’église,
elle s’asseyait derrière ;elle était mise à l’écart, toute l’église
l’indexait , ses parents ne pouvant plus supporter cette humiliation
l’ont mise dehors, la sœur est donc partie chez une maman de l’église,
elle n’a pas abandonné la main de Dieu, elle s’est rapprochée
davantage de Dieu, elle persévérait dans la prière, elle plaidait sa
cause devant Dieu.
Les 9 mois sont passés et elle mit au monde un garçon, quelques mamans
de l’église ont aidé à faire un petit trousseau, elle a continué
d’aller à l’église avec son fils.
3 ans plutard il ya eu une croisade d’évangélisation dans la commune
ou la sœur habitait, elle est donc partie avec son fils qui avait 3
ans maintenant, il ya eu plusieurs orateurs, parmi eux un en prêchant
a commencé à donner son témoignage, il disait moi que vous voyez
devant vous j’étais bandit, je violais les filles, la Bible que je
tiens en main c’est la Bible de l’une de mes victimes, un soir j’ai
violé une fille et je lui ait arraché sa Bible; arrivé à la maison je
l’ai ouvert et je suis tombé sur les versets soulignés qui m’ont
touché et c’est comme ça que j’ai donné ma vie à Jésus,je commençais à
partir à l’église et là j’ai découvert l’appel de Dieu qui était sur
ma vie et voila aujourd’hui je suis évangéliste voila mon témoignage
mes frères et sœurs.
Les gens étaient touchés, émus,dans la foule la sœur a reconnu son
violeur, elle a commencé à courir pour aller vers le podium ou était
ce serviteur le protocole l’empêchait, mais elle insistait tellement
que l’homme de Dieu à demandé à ce qu’on la laisse monter sur le
podium, quand la sœur est montée sur le podium avec son fils et elle a
dit au serviteur de Dieu donnes moi ma bible et voila ton fils le
fruit de ton viol, je suis ta victime, l’évangéliste se jetta à terre
et commença à pleurer, pleurer et il a demandé pardon publiquement à
la sœur, d’autres orateurs se sont approchés et ont priés pour eux,
l’évangéliste n’étant pas encore marié demanda la sœur en mariage.
Bref ils se sont mariés et aujourd’hui ils parcourent le monde entier
pour rendre leur témoignage, Dieu a ôté le vêtement de honte de cette
sœur, il a honoré et lui a fait oublié toute ses peines.
Tout ce que Dieu fait est bon il ya des choses qu’il permet dans nos
vies pour faire manifester sa gloire, pour nous rapprocher davantage
de lui, pour servir de témoignage, nous savons tous ce qui se passait
dans la vie de Lazare dans le livre de Jean 11 :1-44 au verset 4 il
est écrit « lorsque Jésus apprit cette nouvelle il dit :la maladie de
Lazare ne le fera pas mourir, elle doit servir à montrer la puissance
glorieuse de Dieu et a manifester ainsi la gloire du Fils de Dieu »
C’est pour dire que nous devons discerner et comprendre ce que Dieu
veut faire par rapport aux épreuves et aux situations difficiles que
nous traversons.Les voies de Dieu ne sont pas nos voies, notre Dieu
est juste il n’abandonne pas ses enfants, même dans le désert il fraye
un chemin il dit dans sa parole dans Esaie 43:2 ce qui suit « si tu
traverses les eaux, je serai avec toi, et les fleuves, ils ne te
submergeront point ;si tu marches dans le feu ,tu ne te bruleras
pas,et la flamme ne t’embrasera pas » les eaux et le feu représentent
ici les problèmes, les difficultés, les épreuves, notre Dieu nous
rassure qu’il est avec nous, Mon frère, ma sœur ne limite pas Dieu
dans tes pensées, ne crois pas que tu vis une situation qui ne peut
avoir de solution ; seul Jésus peut te redonner l’espoir, la joie de
vivre… ;il l’a fait pour cette sœur qui aurait cru ? Elle qui était
méprisée, abandonnée, rejetée par tout le monde mais
notre Dieu a changé son deuil en allégresse, ses, pleurs en cris de
joie, hier elle était une honte, aujourd’hui lle est devenue une
référence, celle là même qui encadre, qui console les femmes violées,
notre Dieu est capable de te faire oublier ta honte, tes difficultés
en un jour crois seulement tu verras sa gloire.
Tu peux avoir tout perdu, c’est-à-dire perdre ton honneur, ta dignité,
ta stabilité, ton boulot, ton rang social, quelque chose de précieux,
un être cher…, mais ne perds jamais ta Foi en Dieu car si tu la perds
tu auras tout perdu, elle est le langage que le diable ne comprend
pas, la Foi va te repositionner, te sauver et te guérir, c’est un
trésor !!!!!!!!
Que le Tout Puissant nous bénisse.

"Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme
?" Marc 8:36

Que Dieu vous benisse.

jeudi 2 août 2012

À propos des « frères de Jésus » et de la virginité de Marie

Codex

De nombreux catholiques ont pu, en France au moins, être quelque peu troublés ces dernières années par la parution d’ouvrages de vulgarisation prétendant présenter le « vrai » Jésus, libéré des préjugés théologiques des diverses Eglises, tel enfin qu’il apparaîtrait au regard objectif des historiens. [1]

Sans nous appesantir ici sur la naïveté d’un tel projet [2], constatons que ces diverses publications, cédant pour la plupart à une même approche rationaliste, accordent une belle place aux mentions que le Nouveau Testament fait des « frères de Jésus »... comme pour mieux contester l’affirmation traditionnelle de la virginité de Marie !

Essayons donc, dans ces quelques pages, de mettre un peu de clarté dans ces débats en situant le mieux possible la portée et les enjeux théologiques des données scripturaires invoquées ici.

De prime abord, on pourrait penser que les deux questions ne sont pas nécessairement liées : l’existence éventuelle de frères de Jésus ne remettrait pas en cause l’affirmation de la conception virginale de Jésus, Marie ayant pu avoir d’autres enfants après la naissance de Jésus... Mais ce serait oublier l’affirmation catholique de « la virginité réelle et perpétuelle de Marie » [3]. Nous serons donc amenés, même brièvement, à examiner les deux questions.
I. Les « frères de Jésus »

Passons en revue les diverses données de la question, et voyons successivement le témoignage de l’Ecriture, l’enseignement traditionnel de l’Eglise catholique, le débat oecuménique et les incidences spirituelles de ces diverses notations.

1. Le témoignage de l’Ecriture

Il est bel et bien question de frères de Jésus dans le Nouveau Testament. Marc en parle deux fois. En Mc 6:3, il donne même leurs noms : Jacques et Joseph, Simon et Jude... et mentionne ses soeurs. En Mc 3:21 une allusion leur est faite et ils apparaissent clairement en Mc 3:31 (« Arrivent sa mère et ses frères »).

Chez Matthieu, on les trouve en Mt 12:46-47 et Mt 13:55.

Luc les signale également en Lc 8:19-20 et Ac 1:14 (« Tous, unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes dont Marie la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus ») et Paul en 1 Co 9:5. Il semble même bien établi que l’un d’entre eux, Jacques, « le frère du Seigneur », ait joué un rôle de premier plan dans l’Eglise de Jérusalem [Ga 1:19].

Outre leur présence [Jn 2:12; Jn 7:3-10], Jean signale leur incrédulité : « Même ses frères ne croyaient pas en lui... » [Jn 7:5].

Toute la question est de savoir quel est le sens exact du terme grec adelphoï : si l’on admet que dans certains cas le terme évoque la parenté spirituelle [Mt 25:40] et peut donc désigner les disciples (par exemple Mt 28:10 ou Rm 8:29), on peut hésiter pour les autres occurrences entre deux significations.

Pour les uns, le mot désigne clairement la parenté charnelle de Jésus et plus précisément ses frères cadets, nés de l’union ultérieure de Marie et Joseph. Les tenants de cette compréhension du mot soulignent volontiers que tel est en effet le sens le plus obvie du mot grec, cette langue possédant un autre vocable - anepsioï - pour désigner les cousins.

Mais d’autres plaident pour entendre « frères » au sens large de « cousins » ou « parents », faisant trois principales remarques à l’appui de leur interprétation. Tout d’abord, ils font observer que, à la différence de Jésus [Mc 6:3], ses « frères » ne sont jamais appelés « fils de Marie », et que Marie, même quand elle se trouve avec eux [Ac 1:14], n’est toujours appelée que « la mère de Jésus ».

Ensuite, il est reconnu que, dans la Bible, les mots frère et soeur couvrent un large champ sémantique. En hébreu et en araméen, le mot ’ah peut désigner un frère de sang, mais aussi un demi-frère [Gn 42:15; Gn 43:5], un neveu [Gn 13:8; Gn 14:16] ou un simple cousin [Lv 10:4; 1 Ch 23:21-22]. Les langues sémitiques, si elles ont un mot pour dire oncle ou tante, n’en ont pas pour rendre cousin. Se conformant à la manière orientale, les traducteurs grecs de la Bible ont donc pu traduire l’hébreu ’ah par adelphos, frère, et non par anepsios, cousin. Si bien que, sur cette lancée, le mot frère du Nouveau Testament pourrait fort bien désigner ce que nous appelons un cousin, de même que le mot soeur dérivé de la même racine hébraïque.

Pour ce qui est du mot grec anepsios, P. GRELOT précise qu’il est employé une seule fois dans le Nouveau Testament, en Col 4:10, « chez un auteur qui écrit en grec et emploie exactement la terminologie grecque, dans un contexte où il s’agit de préciser une parenté : »Marc, cousin de Barnabé« . Les traditions évangéliques, formées originairement en milieu sémitique, plus probablement araméen, recourent aux conventions culturelles de cette langue, identiques sur ce point à celles de l’hébreu, d’autant plus que les évangélistes imitent volontiers le langage de la Bible elle-même. » [4]

Enfin, on notera que, sur la croix, Jésus confie sa mère à Jean et non à ses frères, ce qui serait étonnant s’ils étaient ses frères de sang...

Pour conclure cette petite enquête scripturaire, reprenons les résultats prudents de Charles PERROT : « En bref, l’exégèse ne peut étayer avec certitude la position traditionnelle catholique et orthodoxe. Mais la position adverse ne s’impose pas plus. Dans cette zone d’ombre se situent les diverses traditions constituant la richesse même de nos Eglises. » [5]

2. L’enseignement traditionnel de l’Eglise catholique

à l’encontre de quelques auteurs anciens en marge de l’Eglise (Tertullien, Helvitius et Jovinien), les Pères de l’Eglise ont semble-t-il toujours affirmé la virginité perpétuelle de Marie, ainsi par exemple Clément d’Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée. Probablement influencés par certains récits apocryphes (notamment le Protévangile de Jacques du deuxième siècle), ils ont vu dans ces « frères de Jésus » les enfants d’un premier lit du « vieux Joseph ». Si cette solution, qui n’a aucun fondement dans l’Ecriture, nous fait sourire aujourd’hui, elle souligne du moins la croyance de l’Eglise ancienne en la virginité perpétuelle de Marie.

Cet enseignement traditionnel est ainsi résumé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, aux § 499 et 500 : « L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Eglise à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie même dans l’enfantement du Fils de Dieu fait homme. (...) La liturgie de l’Eglise célèbre Marie comme la »Aeiparthenos« , »toujours vierge« . à cela on objecte parfois que l’Ecriture mentionne des frères et soeurs de Jésus. L’Eglise a toujours compris ces passages comme ne désignant pas d’autres enfants de la Vierge Marie : en effet Jacques et Joseph, »frères de Jésus« [Mt 13:55], sont les fils d’une Marie disciple du Christ qui est désignée de manière significative comme »l’autre Marie« [Mt 28:1]. Il s’agit de proches parents de Jésus, selon une expression connue de l’Ancien Testament. »

3. Le débat oecuménique

La virginité perpétuelle de Marie qu’affirme l’Eglise catholique est confessée également par l’Eglise orthodoxe. Notons aussi que, si elle donne lieu depuis quelques siècles, à diverses contestations principalement dans les Eglises issues de la Réforme, elle était affirmée sans problème par les premiers Réformateurs, notamment Luther [6], Zwingli [7] et Calvin [8].

Mais l’affirmation fortement identitaire du catholicisme romain - avec l’infaillibilité pontificale au concile Vatican I, la proclamation de deux dogmes marials et certains excès d’une « mariologie triomphaliste » dans l’Église catholique au XIXème et début du XXème s. - a suscité la contestation des Églises de la Réforme. Il n’est donc pas faux de noter, avec Alain BLANCY et Maurice JOURJON, que « Marie n’a jamais été une cause de séparation entre les Églises. Bien plutôt, elle en est devenue la victime, voire l’expression exacerbée ». [9].

Il faut de toute façon relativiser l’enjeu du débat en notant, avec les théologiens du groupe des Dombes que, si certains chrétiens catholiques et orthodoxes sont heurtés dans leur sensibilité que l’on puisse donner, au sens strict, des frères et sœurs à Jésus, il s’agit là d’« une atteinte faite à leur théologie mariale et non à la christologie. » [10] L’essentiel n’est-il pas que Catholiques et Protestants confessent la même foi en la divinité de Jésus Christ « conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie » ?

4. Quelques incidences spirituelles de ces diverses notations

Faut-il voir dans cette exaltation de la virginité perpétuelle de Marie - laquelle, comme on vient de le voir, ne peut se déduire des seules affirmations de l’Ecriture - un indice de plus du vieux mépris ou du moins de l’antique suspicion dans lesquels, très tôt, le discours chrétien a tenu la sexualité ? C’est possible... et même probable.

Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de frères, de demi-frères ou de cousins, ces parents de Jésus de Nazareth entretiennent, d’après les évangiles, des relations difficiles avec lui [Mt 12:46-50]. Non seulement « ses frères eux-mêmes ne croyaient pas en lui » [Jn 7:5], mais ils en viennent à penser qu’il est devenu fou ! « Les gens de sa parenté vinrent pour s’emparer de lui. Car ils se disaient : Il a perdu la tête. » [Mc 3:21]. Peut-être même pensent-ils, comme les scribes, qu’il a Béelzéboul en lui ! [Mc 3:22]

Jésus lui-même constate qu’un « prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison. » [Mc 6:4]. Aussi relativise-t-il cette parenté de sang : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère. » [Mt 12:50] De Marie, St AUGUSTIN osera dire en ce sens qu’il est plus important pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère !

Ne nous targuons donc d’aucun privilège. La vraie proximité n’est pas nécessairement celle qu’on croit [Mt 7:21-23]. Les « relations » ne jouent pas pour obtenir une place dans le Royaume, et la mère de Jacques et Jean ne pourra « pistonner » ses fils [Mt 20:20-23] ! Jésus seul est en mesure d’identifier ses proches - « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » dit-il à un scribe en Mc 12:34 - et de les appeler ses « frères » [Mt 12:50; He 2:11].
II. à propos de la virginité de Marie

1. Affirmations et silences de l’Eglise

Beaucoup de choses - et probablement trop - ayant été dites sur le sujet, il convient de bien distinguer ce sur quoi l’Eglise se prononce et ce qu’elle laisse dans l’ombre... une ombre qu’évoque le texte évangélique lui-même [Lc 1:35].

A. Des affirmations
Une affirmation difficile
Même s’ils n’avaient pas en leurs possessions toutes les données de la biologie moderne relatives à la reproduction humaine, nos pères dans la foi n’en étaient pas pour autant naïfs au point de s’imaginer que l’affirmation de la virginité de Marie irait de soi. Et les railleries des païens à ce propos ne datent pas d’hier ! Dès les premiers siècles, Juifs et païens, quoique pour des raisons différentes, refusaient ce point de la prédication chrétienne. Tryphon le Juif s’en prend ainsi à Justin :« Dans les fables de ceux qu’on appelle les Grecs, on dit que Persée naquit de Danaé qui était vierge, après que celui qui s’appelle chez eux Zeus s’était répandu sur elle sous forme d’or. Vous devriez rougir de raconter les mêmes choses qu’eux, et il vaudrait mieux dire que ce Jésus fut un homme d’entre les hommes, et démontrer par les Ecritures qu’il est le Christ. » [ouvrage apologétique du deuxième siècle].
Une affirmation forte et unanime
Les pères Grecs (Origène, Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome) et Latins (Ambroise de Milan, Hilaire de Poitiers, Jérôme) des troisième et quatrième siècle méditèrent souvent les quelques versets de l’Ecriture Sainte évoquant la naissance virginale [Mt 1:1-16; Mt 1:18-25; Lc 1:34-37; Lc 3:23] et donnèrent du poids à une affirmation couramment tenue depuis les origines du christianisme, à savoir que Marie est vierge et mère. Ils préparèrent ainsi les affirmations solennelles des grands conciles christologiques, tel celui de Chalcédoine en 451, ou cet extrait d’une lettre du pape Jean II aux sénateurs de Constantinople, en mars 534 : « Nous enseignons qu’il est juste que Marie, glorieuse, sainte et toujours vierge, soit appelée par les catholiques, en un sens propre et véritable, mère de Dieu et mère de Dieu le Verbe incarné en elle. » Cette affirmation de la virginité de Marie recevra une explicitation [11] et une confirmation plus officielle encore avec le troisième canon du premier concile du Latran (649) qui en fera une vérité de foi, reprise par le troisième concile de Constantinople (VIème oecuménique) en 681, puis, de manière ininterrompue, par le magistère de l’Eglise jusqu’au dernier concile de Vatican II [Lumen gentium no.57].
Il est à noter que ni le grand schisme de 1054, ni la Réforme du 16ème siècle ne remirent en cause cette donnée de la foi de l’Eglise indivise. Et si les Eglises protestantes manifestèrent souvent un agacement pour les développements ultérieurs de la mariologie, la liturgie de l’Eglise orthodoxe ne craint pas de souligner encore cette affirmation dogmatique.
Les enjeux théologiques
Contre l’hérésie docète [12] très tôt apparue, il convient, notamment pour Ignace d’Antioche (mort en 110) puis pour Tertullien (mort après 220), de maintenir le réalisme de l’Incarnation... non sans lien avec le réalisme de la Résurrection.
Il s’agit également d’un élément très important d’une théologie de la grâce : le salut nous est offert. Jésus-Christ est le don gratuit de Dieu qui prend l’initiative de venir à la rencontre des hommes. C’est en ce sens, par exemple, qu’Irénée de Lyon (mort pendant la première moitié du 2ème siècle) parle de la virginité de Marie.
La virginité de Marie peut être lue comme l’un des signes messianiques, note le philosophe Justin (mort en 165) dans son dialogue avec le Juif Tryphon (la prophétie d’Isaïe 7:14 selon la traduction grecque de la Septante).
On souligne ainsi la préexistence du Christ. Habituellement, lorsqu’un enfant naît de deux parents humains, une nouvelle personne commence à exister. Or la personne du Christ incarné n’est autre que la seconde personne de la Trinité. à la naissance du Christ, aucune autre personne n’est entrée dans l’existence, car c’est la personne préexistante du Fils de Dieu qui a commencé alors à vivre suivant un mode d’existence unique, parce qu’aussi humain que divin.

B. Des silences
Pas de considérations sur la psychologie de Marie à partir du 5ème siècle, certains Pères de l’Eglise (Augustin, Grégoire de Nysse, etc.) imaginèrent que Marie aurait fait voeu de virginité. Ces pieuses considérations ne font pas partie de la foi de l’Eglise... et oublient que la virginité féminine n’est nullement exaltée dans l’Ancien Testament et la spiritualité juive !
Pas de considérations gynécologiques
En affirmant la virginité de Marie, l’Eglise ne s’engage pas sur le « comment ? ». Des constats de sages-femmes seraient ici de mauvais goût. On en trouve cependant dans la littérature apocryphe [13] qui n’a pas été retenue dans le Canon des Ecritures !
Les enjeux d’un certain silence
La révélation de Dieu (histoire d’amour plus qu’équation mathématique) se fait toujours dans l’ombre (cf. la nuée autour de la tente de la rencontre en Ex 33).
Nous sommes invités à nous ouvrir au mystère de Dieu : on ne voit pas naître Jésus, de même qu’on ne le voit pas en train de ressusciter ! Au début et à la fin de son itinéraire humain, il y a un signe négatif (naissance d’une vierge; tombeau vide) qui suscite une question et ouvre l’espace de la foi : « Ces signes, nous ne pouvons les reconnaître que dans la foi, tout autre contexte les rendrait particulièrement suspects. En d’autres termes, au commencement comme à la fin de l’itinéraire humain de Jésus, des signes sont donnés de sa réalité humaine : il est né d’une femme comme nous tous; il est vraiment mort et a été mis au tombeau; des signes sont aussi donnés de son origine et de sa destinée divine : il n’est pas né d’un père humain, car il a Dieu pour Père; il n’a pas connu la corruption, car il est devenu corps spirituel vivant en Dieu. Ces données transcendantes sont »signées« dans notre monde de manière négative mais réelle : de même que personne ne l’a déposé dans le sein de la Vierge, personne ne l’a enlevé du tombeau. » [Bernard SESBOÜÉ, p.89]

2. Quelques erreurs à éviter
Faire de la virginité de Marie le centre de la foi
Le centre de la foi chrétienne, c’est le Christ mort et Ressuscité, et non sa mère (et encore moins la virginité de sa mère). L’évangile de Marc, qui semble avoir été le plus ancien évangile, n’a pas éprouvé le besoin d’en parler, sinon peut-être par une discrète allusion. [14] Le quatrième évangile, quant à lui, est très discret [Jn 1:13]. Cette affirmation, qui n’a de sens que pour la foi, n’est donc pas la première étape obligée du parcours catéchistique !
Vouloir prouver matériellement la virginité (ou la non-virginité) de Marie
La très grande discrétion des évangiles à ce sujet devrait suffire à nous faire rejeter cette tentation « matérialiste ».
Bloquer l’affirmation de Jésus Fils de Dieu avec la virginité de Marie
La conception virginale n’est pas la preuve de la divinité du Christ. D’ailleurs, Jésus n’est pas d’abord reconnu Fils de Dieu par sa naissance, mais par sa Résurrection ! [Rm 1:4; Ac 13:32-33]. Jésus n’est pas homme par sa mère et Dieu par son Père ! Ce serait faire de Jésus un demi-dieu, à l’instar des mythologies païennes... Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Si Jésus est dit « Fils de Dieu », il ne s’agit pas d’une filiation biologique mais ontologique, qui se situe non dans le temps mais dans l’éternité. [15]
Eliminer cette notion parce que dérangeante
Cette tentation « spiritualiste » ne voudrait plus voir là de fait historique mais seulement une interprétation symbolique [16]... C’est faire peu de cas de certains passages évangéliques qui résistent à cette réduction [Lc 1:27-34; Mt 1:18-25] et de la foi de l’Eglise (« est né de la Vierge Marie »... l’expression est dans les deux « credo » d’usage liturgique) qui s’exprime avec un beau consensus oecuménique !
Tirer argument de la virginité de Marie pour soupçonner la sexualité et la dévaluer
Cette erreur provient souvent d’une mauvaise compréhension de « l’immaculée conception »... comme si c’était le fait de la conception qui était un péché !
Rappelons ici la grande tradition biblique et ecclésiale : la sexualité est bonne, si bonne même que, selon les beaux récits de la Genèse, la différence des sexes dit quelque chose du Créateur : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa ». [Gn 1:27]. Comme toutes les réalités humaines, la sexualité peut certes être pervertie et dévoyée (et d’autant plus qu’elle structure toute la personnalité de l’homme ou de la femme), mais, bien vécue, elle devient un haut lieu d’expérience spirituelle.
On notera à ce propos que l’Eglise catholique, même si elle tient en haute estime la virginité et le célibat consacré, ne les a jamais tenus pour des sacrements, à la différence du mariage, rendu indissoluble par l’union des corps !
Bibliographie
J. BLINZLER : Die Brüder und Schwestern Jesu, Stuttgart, 1967
J. RATZINGER : Foi chrétienne hier et aujourd’hui, Paris, Mame, 1969
Charles PERROT : Les récits de l’enfance de Jésus, Paris, Cerf, 1976 (Cahier Evangile no. 18)
Pierre BOCKEL : Jacques, frère du Seigneur ? dans la revue Le Monde de la Bible no. 21 (nov-déc 1981)
Bernard SESBOÜÉ : Jésus-Christ dans la tradition de l’Eglise, Paris, Desclée, 1982 (Collection « Jésus et Jésus-Christ » no. 17)
Stéphane AULARD : Marie chez Matthieu et Marc dans Les dossiers de la Bible no. 34, Paris, septembre 1990
Jean-Paul MICHAUD : Marie des évangiles, Paris, Cerf, 1991 (Cahier Evangile no. 77)
Pierre GRELOT : La conception virginale de Jésus et sa famille dans la revue Esprit et Vie no. 46 du 17 novembre 1994
Aline LIZOTTE : Peut-on continuer à appeler Marie « la Sainte Vierge » ? dans la revue Esprit et Vie no. 37, 38 et 39 de septembre-octobre 1996
Groupe des Dombes : Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Dans l’histoire et l’Ecriture, Controverse et conversion. Paris, Bayard Editions, 1999

[1]
Qu’il suffise de mentionner ici : Gérald MESSADIé : L’homme qui devint dieu, Paris, LGF, 1990 ; Les sources, Paris, Laffont, 1989 ; Jean-Claude BARREAU : Biographie de Jésus, Paris, Plon, 1993 ; Jacques DUQUESNE : Jésus, Paris, Flammarion, 1994 ; Jean POTIN : Jésus, l’histoire vraie, Paris, Centurion, 1994 ; Christian MAKARIAN : Marie, Paris, DDB, 1995 ; François REFOULé : Les frères et soeurs de Jésus, Paris, D.D.B., 1995 ; René LAURENTIN : Vie authentique de Jésus-Christ, Paris, Fayard, 1996

[2] On se reportera pour cela à l’article de Bernard REY : « La quête du vrai Jésus » dans la revue Lumière et Vie no. 223, juin 1995, pages 85-91, ou encore à celui d’Edouard COTHENET : « Jésus : 70 ans de recherches » dans la revue Esprit et Vie no. 25 du 20 juin 1996, p.353-360. La question est également magistralement traitée par Charles PERROT dans le premier chapitre de son livre Jésus et l’histoire, Paris, Desclée, 1979

[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, Paris, Mame, 1992, no. 499-500

[4] P. GRELOT, article cité dans la bibliographie, p. 630

[5] Cahier Evangile no. 18, p.25

[6] Voir les références dans le document du Groupe des Dombes cité en bibliographie, n°55

[7] idem, n°62

[8] idem, n°65

[9] document du Groupe des Dombes cité en bibliographie, p.13

[10] document du Groupe des Dombes cité en bibliographie, n°231

[11] Non seulement Marie était vierge avant la naissance de Jésus (ante partu), mais cette virginité a été préservée dans la naissance (in partu) et, toute sa vie, Marie est demeurée vierge (post partum)

[12] Docétisme : (du grec dokeo, paraître, sembler) : l’hérésie docète nie l’incarnation du Christ, celui-ci n’ayant seulement revêtu qu’une apparence humaine.

[13] Dans toute cette littérature, on pense surtout au Protévangile de Jacques (deuxième moitié du deuxième siècle)

[14] Marc semble évoquer la tradition sur la naissance virginale en présentant Jésus comme « le charpentier, le fils de Marie » [Mc 6:3], et non comme le fils de Joseph (comme en Mt 13:55 et Lc 4:22).

[15] Voir là-dessus ce qu’écrivait le théologien J. RATZINGER, avant même qu’il ne devienne préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ouvrage cité en bibliographie, pp.189-197)

[16] Cette tentation - forte ancienne, on l’a vu - réapparaît en force ces dernières années avec le Jésus de Jacques DUQUESNE (DDB, Flammarion, 1994), la Biographie de Jésus de Jean-Claude BARREAU (Plon, 1993), le livre sur Marie de Christian MAKARIAN (DDB, 1995) ou même sous la plume d’un théologien avec Les frères et les soeurs de Jésus du P. François REFOULé (DDB, 1995).

mardi 31 juillet 2012

mardi 20 mars 2012

La méditation a changé ma vie


Samuel était un garçon pressé, stressé. Lors d’un séjour en Thaïlande, il a découvert la pratique de la méditation vipassana, un « voyage immobile », qui réconcilie le corps et l’esprit. Depuis, son regard, ses émotions et toute sa vie se sont métamorphosés…
Sommaire
Nous sommes en 1999, je travaille à Bangkok depuis deux ans et ma curiosité me conduit à partir méditer, comme le font certains de mes amis bouddhistes. Quelques heures de train dans l’air moite de l’arrière-pays, puis une échappée en tuk-tuk, ces tricycles qui font office de taxis… J’arrive sur le lieu de la retraite que je vais partager avec une centaine d’hommes et de femmes de tous âges et de tous horizons. Parmi la multitude de temples du pays, le hasard a conduit mes pas vers un centre de méditation où ne vit aucun moine, où ne s’entend la psalmodie d’aucun mantra et où l’on ne se prosterne devant aucun gourou : on n’y enseigne pas une religion mais une technique expérimentale. Une approche areligieuse, pratique et cartésienne, qui convient bien au cérébral que je suis…
Au fil de ces dix journées intenses, assis en tailleur au milieu d’une centaine de personnes méditant en silence dix heures par jour, grâce aux indications de l’enseignant et au prix d’éprouvants efforts de concentration, je fais cette découverte qui va changer ma vie : je suis certes une tête, mais je suis aussi un corps. Et ce corps que j’ignore parle un langage que ma tête n’entend pas.
Ce premier stage est à l’image de ma vie. En pleine méditation, je suis soumis aux caprices du même bateau que celui de mon quotidien : je navigue entre la rive du vague à l’âme, de la mélancolie et du désespoir, et celle de l’exaltation, de l’hyperactivité et de l’énergie qui déplace des montagnes… Je prends alors conscience que mon humeur se nourrit de mes sensations, douloureuses ou agréables, qui à leur tour puisent leur force dans mon humeur, qui elle-même renforce mes sensations… Pour briser ce cercle infernal, je dois “juste” observer mes sensations, sans y réagir.
Dans mon quotidien redevenu parisien, cette découverte me permet de moins me laisser envahir par le sentiment de culpabilité, ou par la mélancolie, source de ce désespoir dans lequel je perds pied. Une vague de chaleur intérieure et c’est l’alerte : “Attention, culpabilité en vue.” Pour la mélancolie, la sensation est plus sournoise : elle envahit mon corps avec une espèce de douceur un peu lourde, je la vois comme un nid douillet et familier où j’aurais envie de me lover pour faire la sieste.
Mais une fois confortablement installé dedans, je me rends compte que le fond est plein d’une colle puissante et que je ne peux plus me relever… je m’enfonce alors dans le désespoir.
Toutes les fois où je parviens à observer objectivement ces sensations comme si je regardais une tempête depuis le rivage, les vagues de chaleur ou de douceur lourde se font de plus en plus faibles, puis finissent par disparaître. Et le sentiment de culpabilité ou de désespoir avec elles.
Grâce à ce processus qui opère au fil du temps et de la pratique, je parviens à ne pas me laisser envahir par le désespoir. Et lorsque le cercle vicieux s’enclenche quand même, au lieu d’en rester prisonnier plusieurs semaines, j’en sors au bout d’un jour ou deux.
Depuis cette première expérience, je pars presque tous les ans pour une nouvelle retraite. Chacune m’apparaît comme l’effeuillage de couches accumulées en moi. Je descends de plus en plus profondément et je découvre des pans entiers de moi-même dont je ne soupçonnais pas l’existence. C’est ainsi que, dans le silence de la méditation, j’entends un jour le hurlement d’une voix intérieure qui en veut à la terre entière. D’abord angoissé, je me fige d’effroi quand je réalise soudain que cette voix… c’est la mienne.
Je m’entends invectiver en silence tous les autres méditants, rageant contre leur agitation et leurs comportements bruyants qui me distraient. Partout dans mon corps, beaucoup de chaleur, des tensions intenses, des picotements acides depuis la racine des cheveux jusqu’à la plante des pieds. Bientôt, je bouillonne d’une rage folle et je me vois saisir les uns pour frapper sur les autres. Soudain, vision d’horreur : je les ai tant frappés que j’ai tué tout le monde. Mon fantasme arrivé à ce point – rappelons que tout cela se passe dans le silence, les yeux fermés, le corps immobile –, une étincelle de conscience me sort de mon cauchemar éveillé et je prends peur. C’est moi qui ai ces envies de meurtre ? Moi, ce garçon calme et souriant ?
D’accord, je suis coutumier des joutes verbales, j’adore m’opposer à mes interlocuteurs, au point d’adopter parfois un point de vue contraire à mes opinions, juste pour le plaisir de prouver à l’autre que j’ai raison. Mais de là à tuer toute une assemblée de “méditants”… Et si je n’étais pas celui que je croyais ? Quel est ce volcan qui couve sous le vernis de tranquillité et d’assurance dont j’ai recouvert mon personnage ? Plus tard, par la poursuite de ce travail sur les sensations qui sont comme un miroir de ma réalité intérieure, je comprendrai que, derrière mon goût pour la controverse intellectuelle, il y a une face cachée : mon incapacité à dire non à ceux qui me sont les plus proches.
Par peur de briser l’équilibre de notre relation, par peur de perdre l’autre qui m’est cher, je lui fais croire que je suis d’accord. Je dis oui même si en moi tout hurle non, car je me suis tant appliqué à faire taire cette voix intérieure que je ne l’entends même pas. J’ai fini par entendre tous ces non, et par percevoir aussi que pour bâtir cette illusion d’harmonie, je brisais un équilibre en moi. Lorsque je dis oui alors que je pense non, mon corps devient le théâtre de sensations très désagréables, des picotements m’assaillent le crâne, une sensation d’écœurement gagne ma gorge.
Tous ces non-dits, cette insatisfaction et ces tensions intérieures avaient fini par devenir une colère que je ruminais en silence sans en avoir conscience. Lorsqu’elle surgit, cette colère s’accompagne d’une tension fulgurante dans la région de l’appendice, où je sens mes chairs se contracter.
La conscience de ce qui se joue en moi “en temps réel” me permet de rectifier le tir, de moins me faire violence, de ne pas m’engluer dans ma colère ou de prononcer ce non que je ressens. Est-ce une conséquence de ce processus ? Les angines chroniques qui peuplaient tous mes hivers ont disparu… Cette conscience des sensations qui ont lieu dans mon corps est devenue comme une lumière, une petite luciole que je sais pouvoir distinguer même au cœur de la tempête. Mon quotidien a cessé d’être ce Yo-Yo dans les mains d’un enfant fou et capricieux. Bien sûr, ma vie est toujours faite de hauts et de bas, mais je me laisse moins submerger.
Réaliser que je ne trouverai l’équilibre nulle part ailleurs qu’en moi et dans le présent m’a permis de lâcher prise sur ce qui ne dépend pas de moi – la mauvaise humeur de mes congénères, la méchanceté de mon voisin, le brouillard qui plombe la ville pendant des mois chaque hiver… – pour recentrer mon énergie là où elle est utile : mon engagement amoureux, ma bonne humeur, la réalisation de mes projets, ma disponibilité face à l’imprévu…
J’ai le sentiment d’avoir pris en main les rênes de ma vie, tout en ayant abandonné l’idée de contrôle volontariste de ma destinée. Moins préoccupé par la dissimulation de mes faiblesses, mes relations humaines sont devenues plus simples et plus sincères. Plus à l’écoute, je suis aussi devenu moins égocentrique.
Aujourd’hui, je me sens vivant et libéré. Ce voile terne qui recouvrait mon quotidien s’est levé, j’ai compris que l’imprévu pouvait aussi y surgir pourvu que je sache m’y ouvrir… De l’extérieur, ma vie n’a pas tellement changé, pourtant je vis dans un autre monde. Je n’éprouve plus cette tension dans le ventre à longueur de journée. Alors que la lutte, la souffrance et la force me semblaient les seules armes de la réussite, la méditation m’apprend à repousser les limites de ma volonté et à faire cet effort sans tension. Le stress était mon moteur ; aujourd’hui, mes projets professionnels se mettent en place avec douceur et évidence.
Je passais mon temps à courir avec rage après les rendez-vous d’un agenda toujours rempli à bloc ; aujourd’hui je travaille davantage, mais mon quotidien est devenu fluide. J’arrête même mon vélo aux feux rouges pour reprendre mon souffle et sourire aux passants… La conscience de mon corps et de ce qui s’y passe m’apporte un sentiment d’unicité, de cohérence entre ce que je ressens, ce que j’exprime et ce que je vis. Au lieu d’être ici avec mon corps, ailleurs avec ma tête et sourd à mon cœur, j’apprends peu à peu à habiter pleinement toute activité, quelle qu’elle soit. Méditer m’apporte une stabilité, une force intérieure, comme un souffle régulier et puissant. Un souffle qui remplit le temps et l’espace, un souffle qui me guide dans ce voyage immobile d’une richesse infinie. »
Samuel Socquet-Juglard
Dieu est Amour, A MOI IL A DONNE TOUTE SA MISERICORDE

Comment discerner sa vocation?


par RogerLeblanc Pro @ 04/10/2011 – 14:48:15
Comment Discerner sa Vocation ?
Publié le 28 février 2010 by vocationsmontreal|
Père A. Bannon, L.C.
Au long des années, j’ai souvent eu l’occasion de parler avec des jeunes qui essayaient de discerner s’ils avaient une vocation au sacerdoce ou à la vie consacrée. J’ai parfois dû leur dire, à leur grande surprise et à leur consternation, qu’ils faisaient fausse route, que ce nétait pas de discernement dont ils avaient besoin, mais d’autre chose.
Je m’explique :(avant que vous ne pensiez que j’ai quelque chose contre les vocations !)
Le grand problème du discernement – du moins comme beaucoup l’envisagent – est le suivant : bien souvent, nous transformons ce qui devrait être une conversation sur l’essentiel avec Dieu, une expérience du souffle de Dieu dans notre propre vie, un élan de nos aspirations les plus profondes et les plus nobles, en un examen froid, en un calcul dénué de toute préoccupation spirituelle, un calcul du risque, des avantages, des préférences, accompagné d’une incessante recherche de signes. Au lieu d’alimenter la confiance, ce genre de discernement étouffe l’appel, prive notre quête de tout élan et refuse à l’amour la place qu’il devrait avoir dans nos décisions.
La nature même du discernement explique ce que je viens de dire, et aussi le fait qu’en matière de vocation, le discernement est seulement un des éléments à prendre en compte. Et peut-être celui sur lequel nous avons le moins de contrôle alors que nous lui portons le plus d’attention.
Un contexte intégral
Une vraie vocation ne trouve pas sa source en nous, mais en Dieu. Dieu lance un appel. Depuis le jour où Il nous a créés, Il a pour chacun de nous unprojet particulier. Par conséquent, Dieu, dans Sa Sagesse fera tout pour que nous recevions suffisamment de signes et que ce projet nous devienne évident.
D’un autre côté, pour que le plan de Dieu se réalise, nous devons entendre cet appel et y répondre. Cette perception et cette acceptation doivent avoir lieu à tous les niveaux de notre être, non seulement dans le domaine intellectuel, mais aussi dans le domaine spirituel et émotionnel.
Dans le discernement, à la nécessaire prière , vient s’ajouter le besoin de rationaliser cet appel et c’est là que s’introduit le scepticisme qui nous éloigne de la vérité.
Par exemple, nous ne considérons pas comme un facteur de discernement la part de notre volonté d’accepter l’appel – ni l’influence de cette volonté sur notre capacité de l’entendre. Enfin, nous ne considérons pas les obstacles qu’il peut y avoir en nous-mêmes. Pourtant, tous ces éléments ont des conséquences immenses sur le discernement de notre vocation, et ils sont fréquemment les facteurs cachés qui sont déterminants pour son aboutissement, heureux ou malheureux.
La clef d’un discernement réussi
Le discernement sera vraiment réussi si nous trouvons ce que Dieu attend de nous, puis si nous le faisons vraiment. C’est évident ! Il n’est pas difficile de comprendre combien il serait vain de rechercher notre vocation, si nous n’avons pas le désir de la suivre.
Ce que certains trouvent étonnant, c’est que notre volonté de suivre notre vocation soit un facteur déterminant dans l’action d’accepter. Il s’ensuit que notre volonté de l’accepter devient un facteur déterminant de notre capacité à la découvrir. La découverte est une acceptation d’ordre intellectuel du fait que la vocation est bien là. L’acceptation est d’admettre qu’il y a quelque chose à faire, et l’action est la conséquence normale. Alors c’est l’amour qui triomphe.
Nous ne pouvons éviter d’aborder le discernement avec un certain nombre de préjugés et de biais, positifs ou négatifs. L’indifférence dans ce domaine n’est pas dans la nature humaine. Prévoyant les sacrifices qu’il y aura à faire pour répondre à cet appel, notre volonté se met sur la défensive, comme un garde frontière face à un étranger suspect : il questionne longuement puis demeure prudemment sur la réserve, en attente de plus d’informations.
Ainsi, le réel enjeu pour une personne qui discerne sa vocation c’est la volonté, de répondre « oui », s’il en a une. Le vrai problème est d’acquérir cet esprit de consentement, cette sincérité sans conditions. Et ceci devrait être notre souci, plus que le simple discernement
Disponibilité et obstacles
Nous considérons souvent comme de la disponibilité le fait d’accepter intellectuellement que Dieu puisse nous appeler. Il y a cependant une autre forme de disponibilité plus utile. Celle-ci consiste en la capacité de dire vraiment à Dieu
« Je ferai tout ce que Tu veux que je fasse. » C’est donc un fruit de la prière, et c’est exprimé par une prière qui est plus offrande que requête. Ce type de disponibilité rencontre des obstacles importants, dont la plupart sont à l’œuvre en nous-mêmes. La parabole du semeur peut nous aider à discerner certains d’entre eux. (cf. Luc 6,4-15)
Le démon survient et il enlève de leur cœur la Parole. Puisque nous ne l’avons pas invité, nous ne considérons jamais le tentateur comme un participant à notre démarche. Mais, de toute façon, il met son grain de sable dans les rouages. Souvenons-nous de Pierre. Aussi longtemps qu’il a suivi l’Esprit Saint, il pouvait voir (« discerner ») que Jésus était le Messie, mais lorsqu’il pensait comme le font les hommes il a été incapable d’admettre la Passion du Christ et Sa mort. Le Christ l’a appelé « Satan », à cause de celui qu’il était en train de suivre.
Pour discerner notre vocation, nous essayons d’ouvrir à Dieu nos esprits et plus difficilement encore, nos coeurs. Mais l’ennemi, le père du mensonge, fait tout ce qu’il peut pour obscurcir notre jugement et endurcir notre coeur. A certains moments, la froide indifférence avec laquelle nous nous tenons sur les bas côtés de la route, tandis que nos frères et soeurs sont dans le besoin et meurent de faim et de soif de la Vérité, est due à l’action de l’esprit du mal.
Et lorsque nous traversons difficultés et épreuves, nous oublions souvent qu’elles ne sont pas en elles-mêmes des indicateurs de la volonté de Dieu, mais qu’elles peuvent aussi êtres dues à l’action de l’esprit du Mal, autorisées par Dieu pour notre purification.
Les émotions. « Ils accueillent la parole avec joie, mais au moment de l’épreuve ils abandonnent. » Les variations de nos émotions affectent souvent notre disponibilité. Un jour nous donnerions notre vie pour le Christ, et le lendemain nous disons ne pas le connaître. A un moment nous voulons savoir ce qu’Il attend de nous, et l’instant d’après nous refusons ses demandes, tout attristés. Pour être vraiment disponibles, nous devons vaincre l’instabilité de nos émotions. Notre vie chrétienne ne doit pas être du domaine des émotions, mais de celui des convictions et de l’amour.
L’attraction du monde. Beaucoup de choses frappent à la porte de notre coeur et de notre esprit. Nous avons des instincts et des passions qui ont leur place dans le plan de Dieu, mais qui ne sont pas les arbitres décisifs de la vérité ni de la volonté de Dieu. Les préoccupations, les richesses et les plaisirs de ce monde exercent sur nous une énorme attraction. Il y a un réel combat à mener, au coeur de ce que nous sommes : chair et esprit.
La Parole de Jésus nous met en garde ici contre la pensée que, du simple fait que nous n’avons pas vraiment rejeté la volonté de Dieu, nous l’avons nécessairement suivie. La semence n’est pas perdue, elle ne meurt pas du manque d’eau, et pourtant elle ne donne pas de fruits. D’autres choses se mettent en travers du chemin et l’empêchent de croître. C’est peut-être ce qu’il advient à plus d’une vocation possible. Nous n’osons pas dire « non » ouvertement, mais nous nous détournons d’une réflexion sérieuse en occupant nos esprits et nos énergies avec toutes sortes d’activités, et nous laissons ainsi les bruits du monde nous envahir.
La bonne terre. Jésus donne ici une merveilleuse description de l’homme qui peut vraiment répondre à Son appel : il a le coeur bon et généreux, celui qui, ayant entendu la parole, la retient et porte du fruit par sa persévérance. Cette description ne devrait-elle pas être celle de chacun d’entre nous ? N’est-ce pas cela qui nous attire chez ceux que nous côtoyons et chez les saints dont nous avons lu l’histoire ?
Combien nous sommes tous enrichis par la bonne terre que la Parole de Dieu a trouvée dans le coeur du Pape Jean-Paul II ou d’une Mère Térésa, et quels fruits merveilleux ils ont portés par leur persévérance dans la prière et la charité ; une persévérance qui les a imprégnés profondément de ‘Evangile en purifiant leur coeur de tout attachement qui aurait pu étouffer la semence. Le Christ offre là une invitation et un exemple à tous et à chacun. Il décrit son projet pour nous. Il dit que nous en sommes capables, avec Sa grâce.
Eléments de discernement
Bien que le discernement ne soit pas l’élément le plus important pour réussir dans la recherche efficace de sa vocation, insistons cependant sur la nécessité de le faire correctement.
L’attitude personnelle. Au risque de me répéter, je dirai que si vous êtes vraiment effrayé par ce que votre vocation entraînerait, il vous sera plus difficile d’être ouvert et d’accepter ce qui pourrait vous arriver. Mais, courage ! En plus de la prière il y a d’autres moyens qui peuvent vous aider. L’un d’eux est de rencontrer des gens qui sont en recherche comme vous (en communauté, dans un mouvement, au séminaire). Rendez leur visite, rendez-vous compte qu’ils sont de la même trempe que vous, qu’ils ont eu et ont encore leurs épreuves et qu’ils répondent cependant à l’appel.
Un autre moyen est d’y aller vous-même. Faites une visite, assez longue pour avoir une assez bonne idée de la nature exacte de cette vie. Si c’est là que Dieu vous désire, vous commencerez à découvrir les soutiens que Dieu vous a préparés sur ce chemin de vie pour qu’un pauvre humain, faible comme vous en devienne capable. Cela stimule vraiment une vocation.
Un autre moyen encore est d’éliminer tout narcissisme spirituel. Cessez de penser à vous-même et à vos dons. Pensez comment vous pourriez plutôt aider les autres et le Christ. Ne cherchez pas à trouver une consolation personnelle.
Lisez. Mais lisez des écrits spirituels : la Bible, les actes des Apôtres, la vie des saints. Leur héroïsme peut nous aider à transformer nos attitudes. Ils peuvent embraser nos coeurs.
Priez pour recevoir des lumières. Il n’y a pas grand chose, effectivement il n’y a rien, que nous puissions faire pour être accordés à Dieu sans l’aide de l’Esprit Saint. Ses lumières viennent par l’exercice de la foi qui nous ouvre les yeux sur tout sous un nouvel éclairage. Sans la foi notre naissance est un événement dû au hasard, peut-être explicable par le concours de certaines circonstances. Mais avec la foi, votre naissance et votre vie sont des dons que Dieu vous a faits.
La connaissance de soi-même. Nous avons un certain degré de connaissance de nous-mêmes, mais pour être sûrs de ne pas s’être trompés, nous avons besoin de l’objectivité d’une personne extérieure. Nous avons besoin de :
La direction spirituelle. Il nous faut déverser nos pensées et nos expériences à quelqu’un d’autre, quelqu’un en qui nous avons confiance. Et ensuite il faut tenir compte de son avis.
Des signes ? Nous en avons besoin, mais plus encore avons-nous besoin de reconnaître ceux qui nous sont déjà donnés. Ceci signifie :
L’acceptation de l’ordinaire. Il y a une certaine tendance actuelle à aller chercher des signes et des expériences extraordinaires. Mais il y a déjà les signes ordinaires, à côté desquels nous risquons de passer, et pourtant ils sont plus contraignants : le fait que vous ayez pensé à votre vocation, votre parcours et votre expérience spirituelle, la Providence dans votre vie depuis le don de la vie lui-même, jusqu’aux circonstances dans lesquelles vous avez à le vivre, les bénédictions que Dieu vous a données, les épreuves qu’Il vous a permises de traverser, tout cela nous marque et nous montre le chemin sur lequel Dieu essaie de nous entraîner.
Rejeter le scepticisme. L’idéalisme n’est plus à la mode. Pas étonnant à une époque qui a réduit l’amour aux rapports sexuels et le bonheur à la satisfaction de soi.
Pour découvrir votre vocation et l’accepter vous devez en rêver au moins autant qu’un jeune homme et une jeune fille qui vont bientôt se marier. Vous devez même y rêver davantage !
Pour discerner votre vocation, il faut délier tout ce qui vous enchaîne au purement pragmatique, vous libérer de la méfiance que notre société a engendrée en vous. Il faut croire à une dimension de la vie de l’homme qui n’est pas tangible, à la dimension desprit, à la soif de bonté et de vérité d’une âme à la recherche de la sainteté.
Vous devez croire avec enthousiasme que le Christ est plus nécessaire à vos frères humains quun nouveau bateau, une deuxième maison, une troisième voiture ou une future promotion. Il faut croire que la société a plus besoin de Lui que des voyages de la NASA, de l’EURO ou du FMI. Que succès et bonheur sont mesurés dans lau-delà et non dans cette vie ! Croire enfin que l’éternité dure, alors que cette vie passera !
Il faut que vous soyez prêts sans hésitation à faire ce que vos amis considèrent comme une folie !
Equilibre dans le discernement
Il semble clair de ce qui précède que le premier pas dans le discernement comporte deux aspects qui peuvent être interprétés comme contradictoires.
L’un est de résoudre un problème intellectuellement avec l’aide de la prière sans doute mais un problème rendu plus difficile par mes calculs. L’autre est d’ordre intuitif ; il s’agit de reconnaître quelque chose qui vient de l’intérieur, mais qui est conduit par le coeur, qui met l’accent sur la foi, et qui est souvent déclenché par un exemple vivant et une expérience directe.
Les deux aspects doivent être présents. Les proportions dépendront de chaque personne, mais l’analyste intérieur doit faire place au croyant, et le croyant doit tenir compte du don de Dieu qu’est la raison. Et jamais il ne faut oublier que là où est notre trésor, là aussi est notre coeur qui plus que notre raison à long terme déterminera nos actions.
Finalement il s’agit de donner à Dieu sa place, et de faire de Lui notre trésor !
Père A. Bannon, L.C.
Dieu est Amour, A MOI IL A DONNE TOUTE SA MISERICORDE